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Libérez-vous des croyances toxiques

L’art de choisir ses croyances

 

La vie est une grande aventure et bien malin celui ou celle qui sait d’avance comment elle ira et comment elle finira. Chacun de nous très vite, très tôt, avant même d’avoir mis des mots dessus, en a dessiné les contours et imaginé ce qui lui adviendrait dans l’avenir. Nous avons tous, dès l’enfance, aidé par nos éducateurs « décidé » que ne nous pourrions faire (et ne pas faire), ce que nous saurions faire (et ne pas faire), ce que nous devrions faire (et ne pas faire).

Ça s’appelle le scénario de vie.

 

Les Scénarios de vie : Le docteur Richard Erskine [1] définit le scénario de vie très simplement : Le scénario de vie est l’ensemble des croyances que nous avons sur nous-mêmes, sur l’autre, sur les autres et sur la vie.

 

Cette notion de scénario de vie selon laquelle un individu va inconsciemment bâtir le fil rouge de son existence très tôt dès l’enfance et encore inconsciemment passer le reste de sa vie à réaliser ce scénario est une des théories les plus communément acceptée dans la psychologie contemporaine

Ce scénario, déjà écrit dans l’inconscient, doit se réaliser. Ainsi, au fil de l’expérience, de l’apprentissage, nous allons plutôt chercher à confirmer ce qui est déjà écrit plutôt que de suivre notre intelligence et nos observations au quotidien.

Certains s’en défendront avec émoi : « Ah moi je me laisse porter par les évènements, je ne prévois rien ! »

Sans doute ! Et là aussi, il s’agit d’un choix, dans le fond. Certains croiront qu’il faut croire et d’autres croiront qu’il ne le faut pas. Dans tous les cas… ils croient. Et c’est très bien !

Croire permet d’avancer sans le poids du doute et le fardeau des choix. C’est une force incroyable ! Encore faut-il que nos croyances soient des soutiens, des moyens, des guides et non des freins, des verrous ou des erreurs.

Le scénario de vie comprend des visions positives et d’autres négatives la vie, sur soi-même et sur les autres.

Il serait commode de dire si la vision (la croyance) est positive, alors elle est bonne et qu’à l’inverse, une vision négative serait mauvaise. C’est tout aussi angéliste que dangereusement faux.

Les êtres humains sont infiniment plus complexes que n’importe quel théoricien psychologue pourrait l’imaginer. Ainsi selon les personnes, la même croyance peut être aidante pour l’un et toxique pour l’autre.

Lorsque j’étais enfant, mes parents ne cessaient de dire que j’étais débrouillard et que je pourrais toujours me sortir de situations difficiles. Ils avaient observé que j’avais le sens de mon environnement, que je trouvais des solutions là où les adultes voyaient un problème et que sans avoir appris, je parvenais à donner le change. Toutes ces observations semblaient factuelles, mais en réalité, mes parents ne voyaient que ce qu’ils avaient envie de voir. Par exemple ils ne tenaient pas compte du nombre de bévues, de gamelles, d’erreurs que je pouvais commettre par mon comportement tête brûlée/ Ils préféraient s’émerveiller de ma capacité à supporter l’échec sans sembler en souffrir.

Pourtant, j’en souffrais. Les voyant admiratifs je commençais à croire ce qu’ils croyaient à mon sujet… je m’en sortirais toujours car j’étais débrouillard ! Dès sept ou huit ans, j’avais ajouté cette croyance à mon scénario.

Pourquoi appelons cela une croyance ? C’est l’emploi du verbe être ici qui est notre indicateur de risque. Si je dis que j’ai une capacité à résoudre des problèmes par la créativité, ce n’est pas une croyance car je décris quelque chose de vérifiable. Si je dis que je suis créatif. Le verbe être me définit plus qu’il ne me décrit. Si vous me dites que je ne le suis pas tant que ça, vous attaquez ce que je suis… pas ce que je fais. Je vais probablement me défendre.

 

Dites à un jeune enfant régulièrement qu’il est ceci ou celaTu es un idiot ! Tu es très intelligent ! Tu es débrouillard ! Il finira par vous croire car il ne s’agit pas d’un feed-back (observation factuelle) mais d’un compliment ou d’une critique qui ne peuvent être constructifs puisqu’ils ne proposent rien : ils définissent ! L’enfant placera cette description de ce qu’il est dans son scénario, et fera son possible pour vous satisfaire et devenir ce qu’il est supposé être.

Trois possibilités se présentent :

  • le restant de sa vie, il cherchera à devenir ce qu’il croit désormais qu’il est (par exemple un idiot !)
  • le restant de sa vie, il croira qu’il est quelque chose sans l’être nécessairement (par exemple très intelligent !)
  • le restant de sa vie il se servira de ce qu’il est pour justifier ce qu’il ne fait pas (mon cas, décrit ci-après)

 

Rappelez-vous, mes parents m’ont tant dit que j’étais débrouillard, que je les ai crus. Cette croyance positive eût dû me donner des ailes, et elle l’a surement fait, et pourtant elle a aussi eu des conséquences inattendues sur mon parcours de vie : pendant des années, je n’ai pas imaginé une seule seconde que j’avais besoin de faire des efforts, de mettre un coup de collier. J’ai donc parcouru mon enfance en en faisant le minimum en développant une seconde croyance, fille de l’autre qui était que « si ça demande des efforts, ça n’a pas de valeur ! »

 

Bien malin qui saurait déterminer si une croyance est bonne pour quelqu’un ou non. Le sujet n’est pas de valider, d’invalider, d’évaluer la valeur de nos croyances mais plutôt de les identifier, de les reconnaître, de savoir les verbaliser afin de mieux cerner leur impact et leur niveau parfois de toxicité dans nos comportements et nos choix.

 

Alors si, comme le dit Richard Erskine, notre scénario de vie est l’ensemble de nos croyances sur nous même, les autres et la vie, qu’est-ce qu’une croyance ?

 

Les croyances :

Nous appellerons une croyance, une conviction qui fait loi, qui est devenue un fait indiscuté, la réalité.

La croyance la plus communément répandue et celle en l’existence (ou la non existence de Dieu) Elle a même un nom, on l’appelle la Foi. La croyance en la non-existence de Dieu, quant à elle, a un nom aussi : l’athéisme.

 

La Foi est une conviction que Dieu existe. Ainsi le verbe croire devient le verbe savoir. Le croyant dira qu’il sait que Dieu existe et ne mettra pas en doute. Cette foi permet au croyant de bâtir tout un chemin de vie est de faire des choix reposant sur cette croyance. Ainsi puisque Dieu existe alors

La suite de la phrase permet à celui ou celle qui a la foi de construire sa route.

Dans le roman Les Misérables de Victor Hugo, le policier Javert croit en la justice. Il défend une notion absolue de bien et de mal qui elle aussi repose sur une croyance : « Qui vole un œuf, vole un bœuf ! » Ainsi Javert n’est pas seulement convaincu que Jean Valjean qui a volé un pain pour nourrir l’enfant de sa sœur est un voleur, il croit en plus que Jean Valjean restera un homme mauvais toute sa vie. Fort de cette croyance, il poursuivra Valjean toute sa vie malgré les évidences que c’est un brave homme. Cette croyance indiscutée sera son pilier de soutien toute sa vie, et sa perte, pour finir.

Lorsque Javert se retrouve à la merci de jean Valjean dans les égouts de Paris, il sait que son ennemi pourrait, sans que personne ne l’apprenne jamais, se débarrasser de lui, et pourtant il n’en fait rien. Au contraire il le sauve. Javert comprend alors qu’il s’est « trompé » toute sa vie et finira par se suicider de désespoir. Comme si cette croyance était devenue partie de son identité. Il ne s’est pas trompé… il est une erreur… il doit donc mourir.

 

Comme le policier Javert nous pouvons devenir les personnages d’un scénario écrit il y a longtemps par un auteur qui n’est autre que nous même…

 

Javert n’est qu’un personnage de roman, bien sûr et toutes nos croyances ne mènent pas à d’irrémédiables tragédies. Certaines croyances peuvent même nous aider à traverser les épreuves difficiles.

L’optimisme, par exemple, est une forme de croyance qui permet à un être humain de surmonter les obstacles. La confiance en soi est, elle aussi, une croyance qui donne des ailes dans des situations délicates. Finalement, il s’agit, comme toujours, d’une question de dosage. Un excès d’optimisme génère une béatitude dangereuse, un excès de confiance en soi peut provoquer des accidents graves.

 

Idée à retenir : Nos croyances peuvent nous conduire à faire des choix déterminants dans la vie. Il est important de les identifier et les reconnaître.

 

 

Photo d’illustration : Jérôme à 4 ans.

[1] Richard G. Erskine, Ph.D., est le directeur de formation à l’Institut de Psychothérapie Intégrative. Il est psychologue clinicien avec trois décennies d’expérience de la pratique et de l’enseignement clinique de la psychothérapie.

Il s’est spécialisé dans le traitement des enfants sévèrement perturbés, a dirigé un groupe thérapeutique dans une prison de haute sécurité  comme  psychothérapeute du traitement de l’obsession, de la dissociation, et du processus schizoïde.